En raison du comportement complexe des polluants organiques, métalliques et des sels nutritifs présents dans les milieux aquatiques, les prélèvements mensuels et ponctuels dans l’eau et les sédiments suivis d’une quantification globale des substances tels que pratiqués actuellement dans le cadre des programmes de surveillance s’avèrent limités pour caractériser la qualité et le fonctionnement des milieux aquatiques. Les questions suivantes émergent :
- Comment éviter au maximum les biais lors des prélèvements ?
- Comment aborder les notions de variabilité et de représentativité des concentrations dans les masses d’eau ?
- Comment étudier le devenir des métaux dans les sédiments de surface ?
- Comment quantifier les échanges de substances (métaux, phosphates…) à l’interface eau-sédiment ?
- Comment évaluer la biodisponibilité des polluants ?
Dans le cadre de l’accord de coopération entre l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et le laboratoire Géosystèmes (Université Lille 1), plusieurs protocoles ont été expérimentés et développés pour répondre à ces questions essentielles :
- Station de mesure en continu des métaux dans la colonne d’eau
- Echantillonneurs passifs ou DGT (Diffusive Gradient in Thin Films) pour approcher les fractions biodisponibles des contaminants métalliques
- Système de découpe des sédiments sous azote pour quantifier les substances toxiques dans les particules sédimentaires et dans les eaux interstitielles en fonction de la profondeur
- Système d’incubation de carottes sédimentaires non destructurées pour mettre en évidence les flux benthiques de substances dissoutes entre l’eau et le sédiment dans des conditions contrôlées
Le développement d’outils spécifiques répond tout particulièrement aux problématiques du bassin Artois-Picardie qui compte de nombreux cours d’eau lents et canalisés où l’accumulation sédimentaire est importante et où les échanges eau-sédiments peuvent être significatifs. Dans les canaux, ces échanges peuvent être exacerbés par le trafic fluvial qui remet quotidiennement les sédiments, contaminés ou non, en suspension.
Ces outils peuvent également être appliqués dans les quelques petits plans d’eau peu profonds caractéristiques du bassin Artois-Picardie, où les échanges de métaux et de phosphore entre la colonne d’eau et les sédiments peuvent être intenses, et constituer un obstacle à l’atteinte du bon état. Ils sont donc particulièrement utiles pour aider à la compréhension des résultats issus des programmes de surveillance et pour la mise en œuvre des contrôles d’enquête.